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Ces précieuses du XVIIe siècle

Salonnières and Co 

Cet article est paru dans l'Astro Gazette de la FDAF -  Avril 2024,  n° 234

Oubliées par certains, mais fort présentes pour certains littéraires (historiens, universitaires, étudiants, voire lycéens), j’aimerais vous entretenir aujourd’hui, et fort simplement, de trois figures majeures de ce qu’il est convenu d’appeler « le Grand Siècle » : Madame de La Fayette, Mme de Sévigné et Mme de Maintenon.

Nous ne connaissons que l’heure de naissance de Mme de Maintenon. Toutefois, rien ne nous empêche d’émettre un certain nombre d’hypothèses concernant, osons le terme, les plus grandes autrices du siècle, d’autant qu’il est bien facile, n’est-ce pas, d’écrire après. J’insiste sur cet après, pierre de touche de toute analyse astrologique. 

Mme de La Fayette

TN Mme de La Fayette
TN Mme de La Fayette

Mme de La Fayette est née le 18 mars 1634 (heure inconnue). Bien évidemment, nous nous intéresserons avant tout à ce qui, dans le TN de Mme de La Fayette, peut indiquer ses dons littéraires (issus d’une vie antérieure ?), peut-être même sa manière d’écrire, son style, sans négliger les indices karmiques (axe des Nœuds lunaires, Lune Noire, planètes rétrogrades).   

Mme de La Fayette a non seulement le Soleil en Poissons, mais également Vénus (planète de l’amour) et Mercure (l’écriture) étroitement conjointes, sans oublier le Nœud Nord qui indique le projet de vie. Le Maître des Poissons, Neptune, est conjoint à la Lune en Scorpion, signe d’Eau tout comme les Poissons. Cette position témoigne d’une belle imagination ainsi que d’une émotivité réelle mais cachée. Socialement, elle ne laisse pas paraître ses émotions mais dans l’intimité (et quoi de plus intime que l’écriture ?), c’est autre chose... Cette conjonction Lune / Neptune est trigone à la conjonction Mercure / Vénus, ce qui laisse augurer de dons réels pour l’écriture. Quant au Nœud Sud à 29° Vierge, il est pratiquement conjoint à Uranus rétrograde (certes au tout début de la Balance). Sans doute faut-il revenir sur la symbolique uranienne et ses tendances libertaires ; en Balance, le couple est concerné. Elle vit séparée de son époux, comme c’est souvent le cas à cette époque. Son âme sœur, elle le rencontre en La Rochefoucauld. Ils partagent une vie singulière, se voient souvent et s’aiment probablement mais nous n’en savons pas davantage.  

Dans le Zodiaque archétypal, la Maison de l’écrit est représenté par le Signe des Gémeaux. On y trouve Jupiter, principe d’expansion, carré à ses planètes en Poissons et opposé à Saturne (planète de restriction). Comme son héroïne Mme de Clèves, notre écrivaine ne se laissera jamais aller à la folie galopante de l’inspiration et de l’amour libre. Son écriture restera sobre (Saturne), mais sous-tendue par les émotions qu’elle cache.*

Par ailleurs, les Poissons (analogie Maison XII) sont le signe du secret et de ce que l’on cache. Peut-on y voir là l’origine de l’anonymat sous lequel est paru La Princesse de Clèves ? Et, par ailleurs, cette conjonction Mercure / Vénus / Soleil indique un certain flou dans l’écriture même de l’ouvrage : Segrais et la Rochefoucauld y mirent leur patte (corrections, réflexions). 
 
Revenons sur sa relation avec La Rochefoucauld. L’homme aimé (amant ou non) est représenté par Mars en Vierge trigone Pluton en Taureau, deux signes de Terre raisonnables certes, mais deux planètes instinctives si l’on peut dire. Ces deux-là se sont aimés, c’est certain, tout en restant dans le domaine cartésien des idées et de l’intellect.  
      
On peut aller plus loin en utilisant les degrés symboliques (1), à ne pas prendre au sens littéral mais à interpréter.

Voyons-en quelques-uns  :

* Le degré de Vénus : « Dans le calme de son bureau, un créateur reçoit une vague d'inspiration. »

* Celui de Jupiter : « Trois oisillons dans leur nid perché en haut d’un arbre » ou encore : « Plusieurs moineaux rassemblés caquettent et se vautrent dans la poussière ». Ou aussi : « Dans un jardin, deux femmes assises sur un banc conversant tranquillement tandis qu’autour d’elles une bande de moineaux pépiant, se roulent dans la poussière, lissent leurs plumes ou se posent sur le dossier du banc ». On pense à son amitié avec Mme de Sévigné, et à leurs conversations avec La Rochefoucauld  soue les ombrages de son jardin.
   
* Celui d’Uranus : « Un homme, sa charrue brisée, dans un champ ouvert » ou « À l’entrée d’un champ où un demi-sillon seulement est tracé, un homme découragé regarde sa charrue brisée, tandis que vient vers lui un cavalier assez fringant, mais dont la monture boîte ». Manque d’occasions et difficultés soudaines. Degré de privation. On connaît les difficultés financières de Mme de La Fayette.

* Celui de Neptune : « Une grande tour solitaire perchée en haut d’un roc » Et aussi : « Une grosse tour massive, seule sur un rocher qui domine la mer ». Caractère puissant et indépendant, on sera un exemple pour beaucoup. Position élevée et degré de stabilité.

* Celui de Pluton : « Lion rampant, debout sur un terrain élevé ». Et encore : « Sur un plateau, un lion rampe, prudent, mais non asservi, devant un homme, debout, dominateur, appuyé sur un solide gourdin ». Caractère puissant, orgueilleux et hautain. Degré de fierté.

On sait que Mme de La Fayette, bien que située assez haut dans l’échelle sociale, n’eut pas une vie facile, qu’elle dut se battre financièrement, qu’elle souffrit de nombreux ennuis de santé, qu’elle eut quelques amis choisis et qu’elle termina son existence relativement solitaire et malade.  

Nous terminerons avec la Lune Noire en Vierge, comme son amie Mme de Sévigné, qui demande une purification dans différents domaines, la connotation de la Lune Noire n’étant pas uniquement sexuelle. 

(1)Les 360 Degrés du Zodiaque, Janduz, Éditions Bussière.



Madame de Sévigné 

TN Mme de Sévigné
TN Mme de Sévigné

Mme de Sévigné est née à Paris le 5 février 1626, Place des Vosges, en l'hôtel de Coulanges, heure inconnue. Toutefois, les planètes en signes nous permettent de décrypter une partie de sa personnalité, et surtout de son écriture.  

La marquise a le Soleil (son signe de naissance) et Mercure (planète de l’écriture) en Verseau, ce qui nous oriente vers une personnalité libre, voire libertaire, originale, qui n’aime pas fréquenter les sentiers battus. La Lune en Gémeaux (signe de l’intellect et de l’écriture), trigone au Soleil et donc tous deux en en signes d’Air indiquent clairement sa voie : l’écriture spontanée et quelque peu hardie de ses Lettres.  Le trigone de Mercure à Neptune en Balance (que d’Air, que d’Air !) confirme sa grande inspiration.

Dans le carré Lune / Saturne, on peut lire les rapports difficiles avec sa fille. Relié à Mars en Taureau, signe Fixe obstiné, elle ne renoncera jamais à l’amour maternel, qui lui est d’ailleurs dicté par une Vénus en Capricorne (signe de la durée), hélas carré Jupiter en Scorpion : ses élans sont freinés, voire réprimés : on sait à quel point sa fille, plutôt froide, et cartésienne, souffrit de cet amour maternel exclusif.

Il en va de même dans sa vie amoureuse à l’expansion fort réduite, si l’on en croit les témoignages de l’époque : Mme de Sévigné est belle, elle aime plaire et séduire mais il semble qu’elle n’aille pas plus loin.  C’est avant tout une intellectuelle et les plaisirs de la chair la laissent de marbre.   

C’est une pragmatique avec quatre planètes en Signes de Terre, pleine de bon sens, et qui sait où réside son intérêt matériel, notamment avec Mars en Taureau, trigone Saturne en Vierge.  

Il est intéressant de noter que le Soleil et Uranus sont en réception mutuelle, à savoir que le Soleil est en Verseau (Signe d’Uranus) et Uranus en Lion (Signe du Soleil), et évidemment en opposition. Cette opposition reflète une tension entre deux pôles opposés de sa personnalité, la création originale mais aussi le respect des valeurs sociétale de son temps. Elle est particulièrement fière, par exemple, lorsque Louis XIV s’intéresse à sa fille le temps de quelques danses ou bien lorsqu’il lui adresse la parole lors d’une représentation d’Esther (Racine) à Saint-Cyr.

La rétrogradation de quatre planètes dans son thème est intéressante : Mercure, Saturne, Uranus et Neptune. Certes, Uranus et Neptune sont des planètes dites collectives ou de génération mais leurs aspects à des planètes personnelles comme ici Mercure, Mars et la Lune ne doivent pas laisser indifférents. 

Saturne R peut signifier une nécessité de discipline, de rigueur et de sagesse, une prise en mains de ses responsabilités et une certaine forme de solitude, solitude effective (mais relative) dans sa propriété des Rochers en Bretagne où elle se retire assez souvent. Le carré de saturne R à la Lune nous indique une certaine frustration dans sa vie de femme (son cousin Bussy-Rabutin laisse entendre qu’elle est frigide), d’épouse et de mère. Il est vrai que son mari meurt alors qu’elle est encore jeune, qu’elle ne se remarie pas (sa liberté de veuve est renforcée par Uranus qui maîtrise le Soleil et Mercure), qu’elle vit la plupart du temps éloignée de sa fille (et Dieu merci, c’est grâce à cet éloignement que nous pouvons lire aujourd’hui sa correspondance !).

Mercure R indique une nécessité de réflexion, d’analyse et de distance. Ce qu’elle fait en écrivant ses Lettres que nous lisons comme au spectacle : elle nous présente diverses scènes, revient sur les événements et les paroles entendues. Sans doute, en écrivant, les revit-elle en pensée mais nous ne saurons jamais si elle se livre à une véritable réflexion qui lui permettrait de saisir les liens entre telle cause et tel effet, tant elle semble écrire spontanément, au galop de la plume. Mercure R indique aussi un effort à faire dans le domaine de la communication et il semble bien qu’elle y soit en partie parvenue, comme en témoignent sa correspondance ; un bémol toutefois : Mme de Sévigné s’adonne sans vergogne à ces jeux de l’esprit en solitaire, et si elle partage, ce n’est a priori qu’avec sa fille.

Par ailleurs, Mercure est également le Maître de son NN (projet de vie - projet de l’âme) en Vierge, Signe analytique s’il en est, celui qui classe, ordonne, classifie et organise, à l’opposé des Poissons qui auraient tendance à se perdre dans de fumeuses considérations, toutes proportions gardées bien entendu, car notre analyse des Signes, dans le cadre de ce propos, est loin d’être exhaustive. Si Mme de Sévigné, dans la première partie de sa vie, n’avait pas une idée très claire de son avenir, on peut considérer que, vers l’âge de trente-huit ans, c’était chose faite. Elle allait faire le ménage dans sa tête, image symbolique évidemment, en écrivant. Ce NN en Vierge demande aussi une certaine forme d’humilité (dont elle est loin) en se mettant au service des autres. Il semble qu’elle l’ait fait à travers son amour maternel compulsif, dédiant son existence entière à sa fille. 

Rappelons que Mercure et Saturne R sont des indices de vies antérieures. Quant à la Lune Noire conjointe à Uranus, Maître de son Soleil en opposition, elle évoque une nécessité impérieuse de singularité.


Mme de Maintenon

TN Mme de Maintenon
TN Mme de Maintenon


Mme de Maintenon est née le 27 novembre 1635 à 01 h 00 à Niort, AS 23°01' Vierge, Lune 12°14' Cancer.

Il semble qu’elle se soit vraiment intéressée aux enfants et à leur éducation en ce siècle où les mères délaissaient plus ou moins leur progéniture (Part de fortune en V). Elle éleva les enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, dont le duc du Maine, son préféré. Faut-il voir dans cette ambition pédagogique une frustration et un manque ? Mme de Maintenon ne fut jamais mère : Saturne Maître de V carré Mars et Lune Carré Uranus (un avortement ne semble pas exclu).

Saint-Cyr, à l'origine Maison royale de Saint-Louis, fut la raison de vivre de Mme de Maintenon à partir de 1686. Elle put y laisser libre cours à sa passion pédagogique et... s'y reposer de la vie de cour qui devint pour elle un véritable supplice, disait-elle... À partir de la fin des années 90, elle passa beaucoup de temps à Saint-Cyr. Saint-Simon remarqua : « Ce que Saint-Cyr lui a fait perdre de temps n’est pas croyable. » Il faut dire qu'elle s'y reposait des servitudes de son état dans un appartement de quatre pièces lambrissées au rez-de-chaussée : une bibliothèque avec les livres de piété dans trois armoires ainsi que les volumes de maroquin où étaient classées les preuves de la généalogie des Demoiselles. À la mort du roi, Mme de Maintenon s’ensevelit à Saint-Cyr.

Mme de Maintenon laissa de nombreux écrits concernant l’organisation et l’esprit de Saint-Cyr : lettres, avis, instructions, réprimandes, entretiens, conversations et proverbes. 

Elle aime écrire mais Mercure Maître de X se cache en IV Sagittaire, carré à la conjonction Mars /Ascendant. Nulle compassion ni gentillesse dans sa nature, une écriture agressive et combative. Le Maître de III, Pluton en IX (elle va au fond des choses) est opposé à la conjonction Soleil/Vénus en III qui plaide toutefois pour une écriture brillante et généreuse en Sagittaire. Mme de Maintenon n’en est pas à une contradiction près ! En effet, on peut ajouter qu’elle n’aime pas briller (Soleil Maître de XII) : épouse de Louis XIV certes, mais à l’ombre, une éminence grise en somme. La conjonction à Vénus et le trigone à l’Ascendant indique qu’elle l’aima sans doute mais sans grande passion. Si l’on regarde le Maître VII, Neptune, il est trigone Lune en Cancer. Ces Signes d’Eau qui peuvent s’illusionner, contredisent quelque peu son côté pratique et terre à terre. Une dernière remarque : Le Soleil est Maître du NS en XI : grands projets et amitiés ambitieuse ne sont plus de mise. C’est pourtant ce NS qui orienta la première partie de sa vie et la fit parvenir au rang royal. Elle déchanta rapidement. Mais son énergie due au trigone Mars/Pluton ne la quitta jamais.
              
Elle semblait avoir tout oublié de sa propre jeunesse où la fréquentation de Scarron puis des salons du Marais lui avait apporté la culture et appris l’art de la conversation. La Précieuse de 1685 dira en 1699 : « Les femmes ne savent jamais qu’à demi et le peu qu’elles savent les rend communément fières, dédaigneuses, causeuses et dégoûtées des choses solides. »

Elle donnait aux Demoiselles une vision noire des hommes et du mariage mais, en même temps, refusait la pruderie au sens moderne : « On m’a dit qu’une petite fille fut scandalise de ce que son père avait parlé de sa culotte. C’est un mot en usage. Quelle finesse y entendait-elle ? Est-ce l’arrangement des lettres qui fait le mot immodeste ? Auront-elles de la peine à entendre les mots de curé, cupidité, curieux ? Cela est pitoyable. »

Dans l'ensemble, voilà une éducation assez paradoxale (qui lui ressemble) faite de modernité et du maintien des valeurs traditionnelles : Saturne en domicile en IV trigone Jupiter en Vierge, deux signes de Terre pleins de bon sens. Mais le NN en Verseau en V/VI demande de se diriger vers une création originale : Saint-Cyr en est un exemple. 
 
L’œuvre écrite de Mme de Maintenon est difficile à apprécier car elle a détruit la plus grande partie de sa correspondance. Mais les dames et les demoiselles de Saint-Cyr forgent sa légende et une première édition de ses lettres est publiée au milieu du XVIIIe siècle.

Bien entendu, nous versons facilement dans l'hagiographie. Les dames de Saint-Cyr disent qu’elle « avait le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre, si affectueux et si réguliers qu’elle effaçait les plus belles de la Cour. Le premier coup d’œil était imposant, comme voilé de sévérité, le sourire et la voix ouvraient le nuage. »

Elle écrivit beaucoup, obéissant ainsi à son MC en X Gémeaux qui aime communiquer et transmettre : Les titres de ses Entretiens et Instructions annoncent le programme : « Instruction contre l’esprit de cachotterie et sur l’obéissance » (1709), « Instruction sur ce qu’il faut éviter les mauvaises occasions et que, faute de cette attitude, l’on tombe peu à peu dans de grand maux » (1710), « Instruction contre les espiègleries » (1715), « Instruction contre les nouveautés en matière de religion », « Entretien sur le bon choix des pièces qu’on peut donner aux Demoiselles » et « Entretien sur ce que les lectures profanes sont toujours dangereuses ».
     
Mlle d’Aumale, qui laisse des Souvenirs, sera sa dernière élève préférée, à laquelle elle dicte de nombreux écrits (textes pédagogiques, notes, instructions) et qui la suit partout, même à Versailles. Avec Mme de Glapion, alors supérieure, elle participera à l’élaboration du mythe de Mme de Maintenon. Elles seront toutes deux avec Mmes de Caylus (nièce de Mme de Maintenon) et de Dangeau les confidentes et amies de la fin de sa vie.

Sainte-Beuve ne l’aime pas et la traite de « Tartuffe en robe couleur de feuille morte ». Il remarque que, le jour de sa mort, « Saint-Cyr passa à l’état de relique royale », un monument vivant. Les Dames entretiennent le culte et un souvenir embelli, une hagiographie qu’elle avait préparé de son vivant, ne leur disant que ce qu’elle voulait bien. Il ajoute qu’elle y « accomplit son plus grand acte de reine, paraître avoir abdiqué. (Causeries du lundi). 

L’institution durera encore tout un siècle, équilibre entre mondanité et austérité, vie profane et religieuse. 

Peu sympathique, Mme de Maintenon, mais une grande force de caractère. Louis XIV ne l’appelait-il pas « Ma Solidité » ?


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