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Confession cosmique : Saturne parle à Thomas Mann

 Dialogue au sommet : la lenteur comme vocation

TN Thomas Mann
TN Thomas Mann

6 juin 1875, 10h15, Lübeck (Allemagne), AS 1°26' Vierge, Lune 19°42' Cancer

Œuvres essentielles :

  • Les Buddenbrook (1901)
  • Tonio Kröger (1903) 
  • La Mort à Venise (1912)  
  • La Montagne magique (1924)
  • Le Docteur Faustus (1945)
Prix Nobel de littérature en 1929. 

Remarque

On me pardonnera d'avoir traité ce grand homme de lettres d'une manière si moqueuse. Mais l'œuvre de Thomas Mann (sauf peut-être Mort à Venise) est semblable à une montagne à escalader. J'ai donc utilisé la symbolique saturnienne de son thème (Saturne Maître de V, la Maison de la création, en VI) carré à la conjonction Pluton/MS/Vénus pour tenter une approche certes biaisée mais non faussée... 
     
SATURNE  
Je suis le maître du temps, des os et des silences.  
Je suis la planète que l’on confond avec la vieillesse, mais qui est en réalité la dignité.  
Je suis celui qui t’a mis là-haut, dans ce sanatorium, entre les craquements du bois et les soupirs des tuberculeux.  
Tu croyais venir pour ton cousin ?  
Tu es venu pour moi.  
Pour La Montagne magique.  
Pour écrire le roman le plus lent du siècle, le plus vaste, le plus saturnien.

THOMAS MANN  
Je suis venu pour écrire.  
Pour observer la lenteur, la décadence, la beauté dans la toux.  
Je suis venu pour comprendre pourquoi l’homme s’élève en se consumant.  
Mais vous… vous êtes une planète. Pourquoi m’avoir choisi ?

SATURNE  
Parce que tu es lent.  
Parce que tu es grave.  
Parce que tu portes en toi Saturne en maison VI, en Verseau, trigone Jupiter.  
Parce que tu transformes la maladie en sagesse, le quotidien en monument.  
Parce que ton Ascendant Vierge dissèque le monde avec une plume chirurgicale.  
Parce que ton Soleil en Gémeaux te donne le goût du dialogue, du double, du jeu intellectuel.  
Et parce que ton Mercure en Cancer murmure les émotions de la Lune derrière les phrases bien tenues.  
Tu fais des romans comme on fait des cathédrales : avec rigueur, avec foi, avec une touche d’éternité.

THOMAS MANN  
Et pourtant, j’ai ri.  
J’ai écrit des bourgeois qui dansent sur leur propre chute dans mes Buddenbrook.   
J’ai mis du désir dans les plis du conformisme.  
Je ne suis pas que vous, Saturne.

SATURNE  
Tu es aussi Mercure, je le sais.  
Tu as l’ironie dans le sang, comme un poison lent.  
Mais c’est moi qui t’ai donné la montagne.  
Moi qui t’ai offert le temps suspendu, les dialogues interminables, les personnages qui parlent comme des horloges cassées.

THOMAS MANN  
Alors je vous remercie.  
Pour la lenteur.  
Pour la structure.  
Pour le fait que mes romans puissent servir de pilier à une cathédrale invisible.

SATURNE  
Et moi, je te remercie.  
Pour m’avoir écouté.  
Pour avoir compris que la grandeur ne vient pas du mouvement, mais de l’immobilité.  
Tu es mon écrivain préféré, Thomas.  
Même si tu tousses trop.
😉