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Dialogue céleste aviné entre Verlaine et Rimbaud

Quand les étoiles titubent…



Verlaine — Ah, Arthur, tu as vu mon Ascendant? Il pleure en mi bémol, tout de suite la journée devient pastel. 

Rimbaud — Paul, ton Ascendant se plaint mais c’est ton Mars qui fait des scènes : il déclenche des orages quand tu écris trop doux. 

Verlaine — Tu dramatises comme toujours. Mon Neptune me rend sensible, j’entends les étoiles chuchoter des rimes. 

Rimbaud — Neptune chuchote, Saturne corrige. Ta mélancolie a besoin d’un peu de discipline cosmique, comme un vers trop libre qui a perdu sa chaussure.
 
Verlaine — Et toi alors? Ton Soleil en révolte crache du feu sur la maison VII, tu ne respectes rien, même pas les règles de grammaire des astres. 

Rimbaud — Mon Soleil brûle pour aller plus vite que les planètes. J’ai Mercure en bottes de sept lieues, je traverse les signes en courant et je laisse derrière moi des alexandrins en lambeaux.

Verlaine — Ton thème natal ressemble à une carte postale envoyée d’une planète inconnue : imprévisible et illisible. Comment veux-tu que je t’aime si tu es hors-cadre? 

Rimbaud — C’est précisément pour ça que tu m’aimes, Paul. Ta Lune berce mes excès et me rend tolérable pour la civilisation. 

Verlaine — Alors trêve d’astres et de querelles : si les planètes nous trahissent, buvons au moins au vin des constellations. 

Rimbaud — D’accord, mais à condition qu’on écrive nos transits sur la nappe. Si Jupiter passe, je signe en majuscules. 

Verlaine — Et si Vénus rétrograde, je corrige tes majuscules en douce et je les transforme en caresses.


😊